Comment expliquer le taux d’épargne élevé en France ?

Conjoncture
France
Autrices, auteurs
Date de publication

18 décembre 2025

Au troisième trimestre 2025, le taux d’épargne des ménages français s’établit à 18,4 % du revenu disponible brut (RDB), après 18,7 % au trimestre précédent. Depuis la crise Covid, il se maintient à un niveau élevé et dépasse encore de 3,8 points son niveau d’avant-crise. Ce taux d’épargne élevé se traduit par un faible soutien de la consommation des ménages à la croissance. Dans une récente étude, nous analysons donc les déterminants de cette hausse du taux d’épargne en France, à partir d’une nouvelle estimation de l’équation de consommation.

Nous montrons que depuis la fin de la crise sanitaire, l’équation de consommation des ménages estimée sur la période pré-Covid sous-estime le taux d’épargne observé. Elle doit donc être réestimée pour parvenir à expliquer ses évolutions récentes.

Plusieurs facteurs sont alors mis en avant (Figure 1) :

Figure 1: Contributions à l’évolution du taux d’épargne par rapport au T4 2019

Cependant, depuis début 2025, le taux d’épargne simulé par l’équation sous-estime le taux d’épargne observé (Figure 2). Cet écart coïncide avec la montée de l’instabilité politique consécutive à la dissolution de l’Assemblée nationale et à la censure du budget ; il pourrait donc révéler l’influence d’un facteur supplémentaire : l’incertitude politique. En effet, l’écart se réduit lorsque nous introduisons l’indice d’incertitude politique nationale de Baker, Bloom et Davis (2016) dans l’équation.

Nous estimons que si l’incertitude était restée au niveau du deuxième trimestre 2024, le taux d’épargne au troisième trimestre 2025 aurait été inférieur de 0,6 point.

Figure 2: Taux d’épargne observé et taux d’épargne simulé par l’équation