L’emploi privé poursuit son repli au premier trimestre 2025

France
Emploi
Productivité
Autrices, auteurs
Affiliation
Magali Dauvin

OFCE

Date de publication

7 mai 2025

Ce matin, l’Insee a publié son estimation flash de l’emploi salarié privé. L’emploi, mesuré en fin de trimestre, est resté stable par rapport au trimestre précédent (+9 400). Les créations d’emplois proviennent du secteur non marchand (+23 000), tandis que le secteur marchand enregistre des destructions (-13 000).

Pour comparer ces chiffres à nos prévisions, il convient de raisonner en moyenne trimestrielle plutôt qu’en fin de trimestre1. Sur cette base, la lecture est différente : près de 29 000 emplois ont été détruits dans le secteur privé entre le quatrième trimestre 2024 et le premier trimestre 2025 (-0,1 %). C’est le troisième trimestre consécutif de baisse, confirmant le retournement amorcé du marché du travail après la décélération progressive de 2024.

1 Les comptes nationaux sont en moyenne trimestrielle, tandis que les autres statistiques d’emploi telles que les Estimations d’emploi, utilisées par l’Insee dans ses Notes de conjoncture (la dernière en date, « Désordre mondial, croissance en berne », Note de conjoncture, 18 mars 2025) sont des données récupérées en fin de trimestre pour les salariés et fin d’année pour les non-salariés. Voir “Emploi: quelle source pour quel usage?“ Insee, 2021 pour plus de détails.

L’estimation flash porte sur l’emploi salarié privé (environ 80 % de l’emploi salarié). Bien que nos prévisions ne couvrent pas exactement ce champ, les chiffres publiés ce matin (-34 000 emplois dans le secteur privé marchand) sont cohérents avec nos anticipations, qui prévoyaient environ 20 000 destructions nettes au 1er trimestre 20252. Ce recul s’inscrit dans une dynamique plus large de retrait progressif des politiques de soutien à l’emploi : réduction des aides aux entreprises, retour aux durées de travail d’avant-crise et hausse des coûts salariaux liée au rattrapage des rémunérations. Compte tenu d’une progression modérée du PIB (+0,1 %) ce trimestre, ces facteurs sont de nature à favoriser un redressement de la productivité apparente dans le secteur marchand. Sur l’ensemble de 2025, nous anticipons 111 000 destructions nettes d’emplois et une hausse de la productivité par tête de 1,3 %, traduisant un début de rattrapage après plusieurs années d’atonie. Il convient toutefois de rester prudent, les données publiées sont provisoires et pourront faire l’objet de révisions ultérieures.

Table 1: Evolution du marché du travail
2024
2025
2024 
2025 
2026 
T3 T4 T1 T2 T3 T4
Evolution en milliers
Emploi salarié  13   −17   −30   −23   −34   −44    86   −132   −100  
Marchand −14   −30   −20   −26   −37   −47   −26   −130   −115  
dont politique de l’emploi −41    −4    −4    −7   −16   −25    43    −53    −48  
Non marchand  27    13   −11     4     3     3   105     −1     15  
dont politique de l’emploi  −5    −5    −3    −6    −7    −8    11    −25     −6  
Emploi non salarié   6     6     5     5     5     5    20     20     20  
Emploi total  19   −11   −25   −18   −29   −39   107   −111    −81  
dont politique de l’emploi −47    71   −10   −14   −24   −29    54    −77    −54  
Evolution en %
Emploi total   0,1   0,0  −0,1  −0,1  −0,1  −0,1   0,3   −0,4   −0,3
Population active   0,2  −0,2   0,1   0,1   0,1   0,1   0,1    0,2    0,4
Taux de chômage   7,4   7,3   7,5   7,6   7,7   7,9   7,4    7,7    8,3
Notes de lecture: Au 4e trimestre 2024, 11 000 emplois ont été détruits en France, dont 30 000 dans le secteur marchand. Le taux de chômage représentait 7,3 % de la population active, en baisse par rapport au trimestre précédent du fait d’une baisse de la population active (-0,2 %).
Note: Les trois dernières colonnes comparent le niveau de l’emploi (en moyenne trimestrielle) du 4e trimestre à un an d’intervalle.
Sources: Insee, Dares, prévision OFCE avril 2025.