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Eric Heyer, Mathieu Plane, Xavier Ragot, Raul Sampognaro, Xavier Timbeau
â– Le déficit de la France de 5,8 % du PIB en 2024 est bien supérieur à la moyenne de la zone euro, qui est de 3,1 %. L’écart de déficit entre la France et la zone euro s’est
accru principalement de 2000 à 2007, puis après 2019 (graphique 2).
â– Sans surprise, les différents historiques des déficits publics se traduisent par des évolutions différenciées des dettes publiques des États Membres de la zone euro. Sur la
période 2000-2024, la dette publique augmente de 53 points de PIB en France, de 27 points en Italie, 44 points en Espagne et de 5 points en Allemagne (graphique 4).
â– Depuis 2017, en France, le creusement du déficit de 2,4 points de PIB s’explique par une baisse du taux de prélèvements obligatoires (de 2,5 points de PIB), dont 1,6 point
se traduisent par une baisse des prélèvements payés par les ménages et 0,9 point pour les entreprises (graphique 8).
â– Au cours de cette période, les dépenses publiques sont restées stables. Cependant, les prestations et transferts ont baissé de 0,8 point tandis que l’investissement public a
augmenté de 0,5 point de PIB (tableau 4).
â– Selon nos simulations, l’application de la politique budgétaire inscrite dans le Plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) présenté par le gouvernement
en octobre 2024 et actualisé dans le cadre du Rapport d’avancement annuel (RAA) d’avril 2025 conduirait à un déficit de 3,0 % en 2030, et un pic de la dette à 121,7 %
du PIB en 2029. Le chômage augmenterait à 9 % dès 2027, avant de progressivement décroître à partir de 2030 (tableau 5).
â– Selon nos calculs, l’ajustement nécessaire à long terme pour stabiliser la dette à 110 % du PIB est estimé à 3,5 points de PIB, soit environ 100 milliards d’euros de
2025 (tableau 6).
â– À l’horizon de 2029 (celui du PSMT), en appliquant un ajustement plus progressif, qui limite les impacts négatifs sur l’économie, l’ajustement devrait être de 2,8 % du PIB,
soit un peu plus de 80 milliards d’euros (contre un ajustement affiché dans le PSMT d’un peu plus de 110 milliards d’euros). Cependant, l’ajustement de long terme est du
même ordre de grandeur (tableau 6).
â– Avec des taux d’intérêt plus bas, cet ajustement jusqu’à 2029 pourrait être réduit à 2,5 % du PIB, soit 75 milliards d’euros. La France doit avoir une crédibilité budgétaire
pluriannuelle pour un ajustement progressif (tableau 6). Des propositions institutionnelles sont faites (section 3).
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