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Jérôme Creel, Eric Heyer, Mathieu Plane, Côme Poirier, Xavier Ragot (dir), Francesco Saraceno, Xavier Timbeau
La dette publique, et plus largement les finances publiques, occupent une place importante dans le débat économique à quelques mois des élections présidentielles.
L’objet de ce Policy brief est de discuter la dette publique française dans une perspective de moyen terme.
Tout d’abord, la faiblesse des taux d’intérêt la hausse des dettes publiques depuis dix ans ont conduit à un changement de doctrine dans la gestion des déficits publics dans le monde. Cette nouvelle doctrine ne justifie pas une hausse continue des dettes publiques mais une gestion plus contracyclique de celles-ci.
En France, entre 1978 et 2020, les dépenses publiques sont toujours restées supérieures aux recettes, le déficit public moyen étant de 3,4 % du PIB, soit un niveau trop élevé pour stabiliser la dette. Au cours de cette période, la dette publique française au sens de Maastricht est donc passée de 21,2 % du PIB à 115,1 % et a atteint son plus haut depuis 70 ans.
L’accumulation d’actifs publics montre deux périodes distinctes. Entre 1995 et 2007, la valeur nette des administrations publiques s’est accrue de 30 points de PIB,
la valeur des actifs augmentant plus vite que les dettes accumulées au passif. À l’inverse, entre 2007 et 2020, la hausse de la dette publique de 50 points de PIB a eu pour contrepartie une réduction équivalente de la valeur nette patrimoniale des administrations publiques. La dette au cours de 13 dernières années a servi d’amortisseur de crises sans contrepartie à l’actif.
Ensuite, la singularité de la période actuelle est que malgré ce niveau d’endettement public très élevé en France (116 % du PIB en 2021 et 114 % en 2022), la charge d’intérêts payée par l’État français n’a jamais été aussi faible depuis plus de 40 ans.
Dans la zone euro, la spécificité de la France n’est pas tant l’augmentation de sa dette publique que le recours continu au financement par le reste du monde. Cet endettement auprès de l’étranger s’est accru pendant la crise de la Covid-19, ce qui montre que le surcroît d’épargne des ménages (150 milliards d’euros à la mi-2021) et des entreprises n’a pas compensé la hausse de la dette publique.
Le débat économique européen sur la dette publique est ouvert : les positions exprimées sur le niveau atteint par les dettes publiques ont beaucoup gagné en pragmatisme, ce dont témoignent différentes propositions d’évolution du cadre européen. L’évolution des règles budgétaires européennes dépendra in fine de la situation européenne, donc de l’accord de coalition allemand et de la présidence française de l’Union européenne.
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