par Stéphane Hamayon et Florence Legros
Moins de 3 ans après le report de l’âge à la retraite de 2010-2011, la France a connu une nouvelle réforme des retraites votée début 2014.
Cette réforme est qualifiée par ses promoteurs de « pérenne et équitable ». Néanmoins, quelques mois seulement après cette réforme, si l’on se penche à nouveau sur l’équilibre à moyen long terme du régime de retraite on conclut qu’il conviendra sans doute de revenir sur le sujet (voir notre article dans la Revue de l’OFCE, n° 137, 2014). Le déséquilibre subodoré provient d’un écart entre les hypothèses qui ont prévalu à la réforme de 2014 et l’évolution effective des variables macroéconomiques déterminantes telles que le chômage et la croissance de la productivité.
Notre article commence par une analyse de la sensibilité de l’équilibre du régime de retraite aux variables économiques et aux hypothèses effectuées. Il met en évidence qu’un taux de chômage qui se stabiliserait à 7,5%, (soit le plus bas taux observé depuis 30 ans,) et non 4,5% comme dans le scénario retenu par la réforme, et un taux de croissance de la productivité de 1%, en ligne avec les estimations raisonnables de Artus et Caffet (2013) au lieu des 1,5% retenus, aboutirait à une dégradation continue des comptes de l’assurance vieillesse (tableau 1).
Autre variable examinée précisément : le taux de croissance de la productivité. Parce qu’elle se répercute sur les salaires, elle joue un rôle important dans le rééquilibrage des régimes de retraite en cas d’indexation des pensions et des salaires portés au compte sur les prix et non sur les salaires. Très exactement, une productivité forte conduit à un assainissement des comptes puisque les ressources croissent alors rapidement pendant que les emplois progressent moins vite.
La conséquence est cependant une paupérisation relative des retraités par rapport aux actifs, notamment pour les retraités âgés pour lesquels la désindexation aura eu des effets cumulatifs.