par Magali Dauvin et Adeline Guéret
Quelques semaines après la publication des prévisions de croissance pour la France (le 16 octobre, disponibles ici), l’OFCE a organisé un atelier avec les différentes institutions françaises publiques (Banque de France, Direction Générale du Trésor, INSEE) et internationales (Commission européenne, OCDE et FMI) : l’Observatoire Français des Comptes Nationaux (OFCN). Les institutions privées françaises ou opérant en France étaient également invitées. Le sujet de la journée était la conjoncture française et son environnement international, les prévisions macroéconomiques à l’horizon 2021, les perspectives budgétaires ainsi que des éléments de méthodes ou structurels comme l’utilisation des indicateurs avancés pour prédire le PIB ou encore la polarisation du marché du travail. La troisième édition de cette rencontre annuelle a eu lieu vendredi 8 novembre 2019. Une vingtaine d’instituts de prévision à 1 ou 2 ans étaient représentés[1].
Les débats ont montré une certaine
convergence des prévisions pour l’année en cours, avec cependant de nombreuses
incertitudes quant aux conséquences sur l’économie française des évolutions
internationales. En effet, en 2018, l’activité économique a souffert d’un
calendrier fiscal défavorable couplé à d’intenses mouvements sociaux et d’une
dégradation de l’environnement extérieur. La croissance du PIB a ralenti, elle
est passé de 2,4 % en 2017 à 1,4 % l’année suivante. Avec un acquis de
croissance à + 1,2 % à l’issue du troisième trimestre 2019 selon les derniers
chiffres publiés par l’INSEE à la fin octobre, l’ensemble des prévisionnistes
s’accorde sur un dynamisme moindre de l’activité économique en France en 2019 (Graphique 1). En
moyenne, les prévisions situent la croissance à + 1,3% pour cette année, avec
une faible dispersion autour de la moyenne (entre 1,2% et 1,4%). Ce chiffre est
quasiment en ligne avec la prévision du gouvernement à + 1,4 % que le Haut Conseil des Finances Publiques
avait jugé « atteignable » dans son avis du 23 septembre 2019[2]. Le
ralentissement, commun à tous les instituts, s’inscrit dans un contexte où l’environnement
international est moins porteur qu’il ne l’a été en 2018. Selon l’ensemble des
prévisionnistes, la dynamique du commerce mondial serait réduite de moitié au
moins entre 2018 et 2019 (passant de + 3,4 % à 1,5% de croissance en moyenne). La
baisse de la croissance du PIB des pays partenaires de la France est également
inscrite dans le scénario des différents instituts entre 2018 et 2019.
Pour l’année 2020, la moyenne des prévisions donne une croissance légèrement plus faible par rapport à 2019, à + 1,2%, avec relativement peu de disparités dans la dynamique. Le consensus s’oriente vers une contribution de la demande intérieure hors stocks à la croissance moins importante qu’en 2019 (en particulier de l’investissement des entreprises non financières et celui des administrations publiques) ainsi qu’une contribution négative du commerce extérieur. Toujours en moyenne, la croissance du PIB se verrait amputée de -0,2 point du fait de l’accélération des importations (passant de + 2,3 % à + 2,6 % entre 2019 et 2020) non compensée par le moindre dynamisme des exportations (+2,3 % en moyenne en 2019 et + 2,1 % en 2020).
De plus, l’environnement international est jonché d’incertitudes et de risques majoritairement orientés à la baisse (Graphique 2). La grande majorité des prévisionnistes s’accorde sur un chemin de croissance plus modéré, se rapprochant du potentiel. Les prévisions de croissance sont comprises entre 0,7% et 1,5%, avec une moyenne à + 1,3 %. Enfin, la journée a permis de mettre en lumière, au-delà des chiffres de croissance, les différences des atouts de l’économie française. Nous gardons le détail de ces analyses pour le policy brief à venir.
[1] D’autres organismes étaient présents comme le COR, la DARES, France Stratégie, le HCFP, Pair Conseil et l’Unedic en tant qu’observateurs.
[2] Avis n° HCFP – 2019 – 3 relatif aux projets de lois de finances et de financement de la sécurité sociale pour l’année 2020 (23 septembre 2019), téléchargeable ici : https://www.hcfp.fr/sites/default/files/2019-10/Avis%20n%C2%B02019-3%20PLF-PLFSS%202020.pdf.
Au moment où les prévisions du gouvernement étaient rendues publiques, la croissance du PIB du troisième trimestre n’était pas encore connue et l’acquis de croissance était aux environs de 1,1%.
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