Comment utiliser le fonds de relance : une proposition pour un programme européen post Covid-19

Jérôme Creel, Mario Holzner, Francesco Saraceno, Andrew Watt and Jérôme Wittwer[1]

Le Fonds de relance récemment proposé par la Commission européenne marque un changement radical dans l’intégration européenne. Mais cela ne suffira pas pour relever les défis auxquels l’Europe est confrontée. Le financement a fait l’objet de nombreux débats, mais peu de choses ont été dites sur le type de projets concrets auxquels l’UE devrait consacrer le Fonds de relance. Nous proposons dans le Policy Brief OFCE, n° 72, un programme d’investissement de 2 000 milliards d’euros sur dix ans, axé sur la santé publique, les infrastructures de transport et l’énergie/décarbonisation.

Ce programme d’investissement est constitué de deux piliers décrit dans la figure 1. Dans lepilier national, les États membres – à l’instar de la proposition de la Commission – se verraient allouer 500 milliards d’euros. Les ressources devraient être ciblées vers les pays les plus touchés par la crise et concentrées en début de période : nous suggérons un horizon de trois ans.

La majeure partie des fonds investis –  1 500 milliards d’euros – serait consacrée au financement de projets véritablement européens, pour lesquels l’UE apporte une valeur ajoutée. Nous décrivons une série d’initiatives phares que l’UE pourrait lancer dans les domaines de la santé publique, des infrastructures de transport et de l’énergie/décarbonisation.

Nous recommandons ainsi la création d’une agence européenne unique de santé publique qui investirait dans les compétences du personnel de santé et faciliterait ensuite leur mobilité entre les pays européens dans les situations d’urgence, et qui serait chargée d’assurer l’approvisionnement en médicaments essentiels (programme Health4EU).

Nous présentons également des propositions chiffrées pour deux initiatives de transport ambitieuses : un réseau ferroviaire européen à grande vitesse, l’Ultra-Rapid-Train, avec quatre itinéraires réduisant les temps de trajet entre les capitales et les régions de l’UE, et une initiative européenne intégrée de « Route de la Soie » qui combinerait les modes de transport sur le modèle chinois.

Dans le domaine de l’énergie/décarbonisation, nous visons enfin à « électrifier » le Green Deal. Nous appelons à un financement spécifique pour accélérer la réalisation d’un réseau électrique intelligent et intégré pour la transmission d’énergie 100 % renouvelable (e-highway), un soutien aux projets de batteries complémentaires et d’hydrogène décarboné, et à un programme, inspiré de l’initiative SURE, pour cofinancer les politiques de décarbonisation des États membres ainsi que celles mises en œuvre via l’instrument Just Transition de la Commission.

La crise induite par la pandémie, qui vient s’ajouter à la crise financière et à la crise de l’euro, constitue en soi un énorme défi. La réponse doit tenir compte des défis structurels à long terme, et principalement celui du changement climatique. L’Union européenne devrait relever ces défis par un programme de relance ambitieux à moyen terme doté d’un financement conséquent. Les grandes lignes d’un tel programme sont présentées dans ce Policy brief à titre d’illustration, mais de nombreuses permutations et options sont à la disposition des décideurs politiques.



[1] Jérôme Creel, Francesco Saraceno: OFCE, Paris. Mario Holzner: wiiw Wien. Andrew Watt: Macroeconomic Policy Institute (IMK), Düsseldorf. Jérôme Wittwer: Université de Bordeaux.

1 Comment

  1. Je salue ce papier visionnaire et ambitieux et souscris aux priorités qui sont définies. J’essaie moi meme de finir un article sur le rail comme vecteur de la transition verte. S’il est publié je me permettrai de vous en informer

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